Flemme.
Aujourd'hui, j'ai la flemme, de l'italien flemma, lenteur, placidité, du latin phlegma, une des quatre humeurs (quatre éléments, quatre humeurs), l'humeur froide, le flegme, le calme solide.
La philologie m'apporte donc un remède : aller du côté serein de la flemme, agir dans le flegme plutôt que de paresser dans la frilosité.
Chaque action est une victoire.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Quand j'écris, je ne veux pas de narration, de fiction, de récit. Mon propos est ailleurs. Radicalement. Essentiellement. Mon propos est l'anodin, la restitution, la captation, l'instantané.
Polaroïd du ressenti, du vécu.
Ecrire jusqu'à l'ivresse, jusqu'à en oublier la faim, le sommeil ou la solitude.
Ecrire jusqu'à me perdre dans cette voix qui me dicte chaque mot, ne voir que la plume, la main droite qui impulse le sillon toujours inespéré, la main gauche qui repose comme un chat sur la page du cahier et dont l'ombre seule me rappelle encore que le temps existe, n'entendre que le crissement du papier Moleskine, et redouter qu'un instant - à peine - qu'un instant plus tard, la phrase s'arrête, c'est certain, je ne peux pas écrire sans cesse toute la vie, toute l'éternité même si je peux écrire jusqu'à ma mort.
Vivre au présent dans la lettre, le mot, le syntagme.
Je suis mécontente. Vos mots se font languir. Je n'ai pas eu de vos nouvelles depuis très longtemps. Faudra-t-il que j'aille en Toscane venir chercher moi-même votre lettre ?
Au Dottore Pi
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun