un guillevic

Pardonnez-moi, je vous croyais mort, vous ne l’étiez pas ... Comment aurais-je pu imaginer qu’il restait encore un poète vivant?

Quand je vis l’affiche qui annonçait votre visite à Strasbourg dans cette petite salle de conférence de la Place du Corbeau, au coin de la ruelle sombre où avait vécu ma grand-mère, je crus à une résurrection – vous n’en deveniez que plus grand encore ! Tremblante, je m’étais assise au fond de la salle, heureuse, – auguriez-vous l’immortalité des chantres ?— je tentais de vous écouter mais, je l’avoue, je n’avais d’yeux que pour vos oreilles, si grandes oreilles dont les lobes immenses touchaient la terre.

Je comprenais enfin d’où venait votre verve tellurique : le rythme de vos vers, leur sobriété, n’était pas dionysiaque, je l’avais remarqué ! Vous n’étiez traversé ni par le duende, ni par la pena negra ni par le daïmon, non ... vous récitiez la terre parce vous l’entendiez avec votre ouïe fine ! Une ouïe de lutin, de chimère, de marin qui ne prend pas la mer ... vous n’étiez donc pas un humain ! Vous étiez un être mythique, un "guillevic", et si vous n’aviez pas de prénom, c’était parce que guillevic n’était pas un patronyme mais un genre. Et dire que personne ne s’en était rendu compte !

Guillevic : farfadet du Morbihan, aux grandes oreilles, porte parole de la nature et des éléments air, terre et eau (mais pas du feu)


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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2H et la rivière

Ai parcouru quelques berges de la Rivière.
Ai traversé quelques gués.
Vers le Nord et l'Ouest.
Vers le Sud.
Mais pas vers l'Est.
Il faut aider la Rivière. La croire. Lui prouver sa confiance.

Je ne peux pas tout parcourir.
Je dois m'en remettre.

N'ai pas perçu d'indice pour retrouver la Petite.
La Menina.
La Chica. La Bambina.
Hayalda.
L'enfant.
"Als das Kind Kind war"
Où es-tu, ma petite?
Où? Où t'es-tu échouée ?
Je te suis depuis si longtemps.
Si loin.
T'en souviens-tu seulement ?


Type de document : journaux de bord

Auteur fictif : Humby Humboldt

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Référence : Lied Vom Kindsein, Peter Handke

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