Chaque espace a deux faces : une face visible et une face invisible.
Tout le monde connaît les faces visibles des 3 Espaces.
- Pour Erel : le monde tel qu'il est perçu, le cadre quotidien et séculaire.
- Pour Kiméria : le monde tel qu'il est raconté, les mythes et les légendes, les romans, les films et les séries, les tableaux et les ballets, les simulations virtuelles.
- Pour Numer : le monde tel qu'il est pensé et modélisé. Les mathématiques et la philosophie, la biologie et la physique. Et depuis peu, le cyberespace.
Des querelles existent quant au statut de la musique et la métaphysique. Monde formel ou imaginaire ? Kiméria ou Numer?
Quand aux trois faces invisibles, elles ne sont pas accessibles à tous et à chacun. Elles relèvent du voyage interspatial et du Jeu des Perles de Verre.
Arpenter Kiméria, n'est pas plonger dans un film.
Rejoindre Numer, n'est pas tchater sur Internet.
Connaître la face cachée d’Erel, n'est pas regarder, sentir, comprendre.
Il s'agit d'interférer avec un grand continuum qui s'agence sur des modalités différentes. Et de reconstituer, à chaque fois, un autre niveau de réalité sensible.
- Pour Erel : un paysage de contrastes, d’énergies, de vibrations.
- Pour Kiméria : un univers tangible et discontinu, où chaque légende organise une sphère, une contrée, autonome.
- Pour Numer : un lieu où le symbole est devenu élément, où la logique et l’illogique construisent des matières indescriptibles que seules les métaphores peuvent évoquer.
Type de document : DJ's classes : l'art du voyage
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : 1
Assis sur la poubelle, rue Saint Honoré, en face de Colette, la besace en bedaine et le sourire excavé. Un noir et blanc jamais vu. Juste après les tailleurs fuchsia et orange. Les textures et les rocailles.
Les talons ne claquent pas encore sur les trottoirs, seuls les chantiers ont ouvert leur pas de porte. Les bennes se remplissent en cadence. Aujourd’hui, demain, le temps de prendre un café chez Élie et une nouvelle boutique s’est habillée. La rue devient baroque total. Elle prend sa place, petite sœur du faubourg, moins haute, branchée néo-rococo. Décor offert aux touristes de la troisième dimension - le relief devient un tel affront – interface artefactuelle artificielle (vous avez vu? Même les boulangeries ont l’air de sortir de chez Hansel et Gretel, conte de fées ou de sorcières pour électeurs abrutis par l’information en continu et en réseau, images sans surprise où les indiens de tous bords valent toujours mieux que les cowboys – qu’importe le cannibalisme s’il est authentique ? )
Perché sur la poubelle, rue Saint Honoré, devant l’étalage de gâteaux luisants et de sandwichs rassasiés, la besace en bedaine et le sourire excavé, élément déclencheur de l’enthousiasme d’une journée qui devrait être une journée d’été, mais l’été 2001 tarde à réchauffer nos os qui sont las de la mousson, des tornades et des inondations. Qu'on nous le dise à la fin : ici, y’a plus de climat continental. C’est devenu les sous-tropiques de latitude fog radioactif.
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun