J’ai déposé Sgarideni à l’embouchure du Fleuve Léthé. Je n’irai pas plus loin. Une seule goutte de cette eau, et l’oubli saisira mon équipage. Je ne comprends pas ce qui pousse cet homme à entrer dans les Terres de l’Oubli.
Il dit ne rien risquer…
Sans doute porte-t-il un de ces implants cérébraux que l’Ordre des Joueurs a développé pour voyager en toute liberté et en toute sécurité. Mais un artefact humain pourra-t-il jamais contrer totalement toutes les facettes d’un des cours d'eau les plus puissants du Monde des Rêves et des Cauchemars.
Il ne peut l’ignorer. Il ne peut croire aussi aveuglément à la Science des Vortex, à l’Œuvre. Personne ne peut croire aussi aveuglément à l’infaillibilité des implants face à l’instabilité trop connue des lois kimériennes.
Une rage le pousse. Une rage plus forte que la Fidélité à l’Ordre. Plus forte que cette carte qu’il dit chercher dans la Zone Climatique des Rois.
Mais que m’importe, je n’ai pas à savoir quoi et je ne veux pas le savoir : je dois avant tout préserver mon navire, ma cargaison, mes hommes, mes femmes et mes chimères. Et cet homme-là ne m’intéresse pas.
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Cassiopée des Halles
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : 1
Textes satellites : aucun
Tuileries – je suis poussiéreuse et j’ai chaud - chaleur des villes de pierre, arides et jalouses [Avignon, Madrid, Nîmes].
Le système d’arrosage automatique pousse en ligne – potager plastique mode pataugeur aquatique – dispositif genre musée extérieur / intérieur [ titre : plate bande verte avec éléments organicomatiques ] - suis mouillée par accident. y retourne volontairement.
ATTENTION DANGER
Qui – du bout des doigts, seule dans un parc - s’élance sous la haie des jets d’eau rotatifs - trahit sa nature hédoniste . Où finira-t-elle ? Dans quel plaisir ? Dans quel pecado-pecadille ? Sexe, mensonge ou vidéo ?
D’ores et déjà enhardie par cette curieuse baignade interdite, je flâne jusqu’aux manèges et, nonchalante, m’installe sur une balançoire volante – tourniquet du ciel.
Nous sommes trois [ils étaient trois petits enfants qui s’en allaient glaner au vent]. Je tiens en main mon carnet turquoise avec élastique – vous avez déjà écrit sur une balançoire ?
-Oh mince! ça monte !
-Ça monte et ça descend !
-Wwo ! wwooo !
-Olé ! olé !
-C’est comme ça au Parc Astérix ?
-Ça va plus vite !
-Ooooh !
-Regarde la dame elle fait ses devoirs !
Dans l’altitude foraine, le bruit du vent transforme mes oreilles en coquillage et mon corps en montagne [russe ].
J’ai la nausée grave, on doit pas écrire quand on s’envoie en l’air !
Type de document : streetchroniques
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun