table brisée

"Entre les morceaux de la Table brisée pousse le poème et s'enracine le droit à la parole"

1. Comme je l’ai cherchée cette Table brisée dans mes initiations au Voyage, comme je l’ai languie. Sept années de silence et de contemplation. Hors langage. Hors pensée. Le plus loin possible. De la matière. Des notions d’espace, d’intérieur, d’extérieur. Il fallait s’extraire de toute relation possible au mot connu, à la parole, au signe. S’en remettre uniquement au ressenti. Ne dépendre que de la conscience, à des niveaux de plus en plus subtils. Une sensorialité abstraite qui aurait échappé aux terribles pièges de la séparation entre l’ontologique et le verbe.

Et de cet alors, comment rompre la solitude – douce trop douce? Comment rejoindre l’autre ?

Seul le poème, la métaphore, le trope. Autant de morceaux éparpillés de la Table brisée. Non comme le mal de Pandore mais comme la lumière de la création.

2. Si Moïse n’avait pas tardé, si le peuple n’avait pas douté, si Aaron n’avait pas cédé, si les premières tables n’avaient pas été brisées, alors "le mot eût été la chose" et le poème n’aurait pas existé. Que de vertus recèle l’erreur ...

"La violence du livre s’exerce contre le livre : une lutte sans merci. Ecrire serait peut-être épouser dans le verbe les imprévisibles phases de ce combat où Dieu qui est réserve insoupçonnée de forces agressives est l’indicible enjeu".

(remix Jabès)


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Référence : Edmond Jabès

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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ombre parmi les ombres

Pas âme qui vive à cette heure grise où le fleuve se tamise d'une lumière rasante et où souffle la brise nocturne qui lèvera le mascaret.

Ombre parmi les ombres, il s'évanouit le long des quais désertés et se pénètre des puissants remugles remontés des profondeurs où se mêlent, indéfinissable jus, l'odeur de la vase stagnante et le parfum emmiellant des acacias .

Impossible de se situer dans ce paysage de lignes brouillées aux confins de la ville.

Il s'ébroue avec vigueur, comme si ce geste pouvait lui restituer sa part de réalité .

Il scrute au loin le front de fleuve qui se dresse de l'autre côté de la rive. A perte de vue, un mur d'immeubles majestueux, pierre blanche et encorbellements en ferronnerie.

D'où il est il ne peut pas voir le détail des ciselures et des sculptures mais il a brusquement la vision fulgurante et définitive d'un décor étrangement familier.

Il le reconnaît et soupire : enfin !


Type de document : chants du chœur

Auteur fictif : Le Troubadour

Auteur réel : ERL

Provenance du texte : Participation

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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