je crois au

Je crois au respect de soi et de l'autre, au bien commun, au service, à la perpétuelle transformation, au bonheur d’être mère, d’être fille et d’être compagne. Je crois aussi à la nécessité impérieuse d’ensolitude contemplative et d’ensolitude créative. Pour moi, la liberté et la satisfaction absolues seraient de vivre simultanément toutes ces qualités.

En d'autres temps peut-être. D'autres espaces. Qui sait, une autre vie.

Pour aujourd'hui, je suis Capitaine et je cherche le Gardien.
Pour aujourd'hui, je suis Capitaine et j'ai des cours, des DJ's, des potlatchs.

"Moi si j'étais un homme, je serais Capitaine". C'est une chanson...
Vous ne pouvez pas la connaître.

Parfois je la chante pour me souvenir que j'ai choisi ce destin. Parfois. Quand l'envie me prend d'emporter ma fille dans un vortex pour venir me réfugier en Kiméria loin du temps et de la réalité.

Mais, si mes "ancêtres" [vous le savez, la notion d'ancêtres est "insensée" chez les cimmériens, nous sommes notre propre ancêtre] ont quitté la Terre des Rêves pour s'incarner, ce n'est pas pour que je fasse le chemin inverse et que je retourne me fondre dans l'onirique pour l'éternité.

Au Dottore Pi


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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se tait

Elle ne parle pas et elle se tait.
Elle ne dit rien et elle se tait.
Elle ne dessine pas et elle se tait.
Elle ne touche pas à la pâte à modeler, à la terre glaise et aux autocollants multicolores.

Elle se tait.
Elle reste droite et immobile.

Elle doit faire très attention à ne pas bouger :
Rien ne doit bouger, rien de rien :
Rien du tout :
Ni le riquiqui, ni le rififi, ni le quincampoix :
Ni les boules de citron, ni les grandes décisions, ni les bifurcations :
Ni les cils, ni les sourcils, ni les doigts :
Ni les joues, ni les oreilles, ni les émois.

Même si ça gratte, même si ça siffle, même si ça chatouille, même si ça frissonne.
Rien ne doit bouger.

Elle ne doit rien voir et elle ne doit rien entendre.
Elle ne veut rien dire et elle ne veut rien se dire.
Elle veut uniquement sentir.

Le plus difficile, c’est la respiration.

Parce que, quand l’air sort et quand l’air entre par les narines, il fait onduler le duvet de sa peau.

ET :
Quand on regarde en très gros plan avec les yeux du dedans :

C’est aussi long et aussi fort qu’un champ de blé qui se plie et qui se replie sous le passage du vent du nord.

Pas un tremblement de terre, d’accord.
Pas un raz-de-marée, O.K.
Un champ de blé.
Mais c’est très grand, un champ de blé.
C’est très-très grand.

Elle pourrait retenir sa respiration, d’accord.
Mais alors :

Au bout d’un moment elle étoufferait,
Elle serait obligée de prendre un grand coup d’air,
Toute sa poitrine se soulèverait,
Sa bouche s’ouvrirait énorme.

Et là, ce serait la catastrophe :

Elle aurait perdu et il faudrait tout recommencer.

Non !
Il faut apprendre à respirer sans bouger avec autre chose que l’air :

Quelque chose qui traverserait le corps mais qui ne passerait pas par le nez.
Quelque chose qui ferait du mouvement sans rien bouger. Quelque chose de doux, de chaud, d’électrique. Quelque chose de bon.
Quelque chose qu’elle connaît mais qu’elle ne sait pas nommer.

(quand Loula va chez Françoise Boutboul)


Type de document : chants des petits griots

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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