La petite fille en pyjama avec les nounours bleus et roses dort. Elle revoit la pierre plate, celle de la malchance, le vélo blanc, la photo de la grand-mère…
Puis, peu à peu, la photo de la grand-mère s'anime. Elle sort de la photo et monte sur le vélo blanc. Elle se lance à la poursuite de la petite fille. L'enfant court et repasse devant la terrasse du restaurant, elle tourne autour des réverbères avant de filer sur le Pont des Arts.
La grand-mère ricane toujours derrière elle. La petite arrive au milieu du pont. Elle veut sauter car la grand-mère gagne du terrain.
Plus de temps, elle saute et se réveille en sursaut.
Dans le pays des rêves, les Voyageurs font aussi des cauchemars.
Type de document : chants des petits griots
Auteur fictif : Griotin
Auteur réel : Marie Latoch
Provenance du texte : Ateliers scolaires
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
L'agneau, le loup et la chèvre
Toutes les chèvres, depuis des générations, récitaient en cœur, dans les basses-cours, le conte de Blanchette et de Monsieur Seguin.
Quand l'une d'entre elles s'égarait, elle savait très exactement ce qui l'attendait. L'herbe, la montagne, les chamois. Et le loup.
Soit elle revenait avant la nuit, forte de l'enseignement de son aïeule. Soit elle s'en remettait à quelque protecteur. Soit elle payait très cher son appel de liberté.
Parfois, naïve, l'une ou l'aure de ces fugueuses niait, oubliait ou refusait de croire que le loup était loup. Que le loup guettait, que le loup croquait. La malheureuse se jetait tout droit dans la gueule de son prédateur, pensant - de bonne foi - qu'ils seraient capables de trouver un terrain d'entente.
Il advint cependant que les loups peu à peu s'éteignirent, se regroupèrent et s'éloignèrent en des contrées si lointaines que les chèvres en vinrent à oublier que les loups existaient.
Circula alors dans le troupeau, la parole de certains pasteurs. On y parlait de temps nouveaux où le loup et l'agneau buvaient côte à côte dans les ruisseaux. Les loups étaient loin, les paroles si proches. Et tous les troupeaux se prirent à rêver. Certaines chèvres partirent même à la recherche du fameux ruisseau. Comme elles ne revinrent jamais, on cru qu'elles l'avaient trouvé. Et qu'elle paissaient, heureuses et libres, dans une terre promise.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Griot Farceur
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun