drageons, rhizomes, mycélium

Mon cher ami, j'essaie de reconstituer ce que vous m'expliquiez sur les drageons, les rhizomes et les mycéliums.

Je crois me rappeler, mais vous me corrigerez, que la petite pousse adventive du drageon (son rejeton…) s'abrite à l'ombre de l'arbre mère, que la racine du rhizome s'épuise d'un côté pour repousser de l'autre, provoquant ainsi un mouvement de fuite, et que le mycélium est polymorphe puisque, à partir d'une même structure filamenteuse, il produit racine, pied et chapeau du champignon.

Ce qui vous faisait préférer le mycélium au rhizome pour définir un topos.

Mais alors, pourquoi m'avez-vous incité à utiliser l'image des dunes ? Les dunes - dans leur mobilité - s'apparentent davantage aux rhizomes...

Ah!!! Décidément, je ne devrais pas me risquer à l'exercice périlleux des comparaisons avec la nature !!!

Tout à l'heure, rue du Figuier (le figuier produit des drageons, n'est-ce pas ?), à deux pas de l’hôtel de Sens, vous avez pu une fois de plus constater ma réticence absolue à l’égard de la botanique.

Rien, absolument rien, ne me permet de comprendre les mots qui s'appliquent à un arbre, une feuille, une plante. Parlez-moi plutôt des pierres et du béton. Bien que le béton ne soit pas de votre époque. Mais, j’y pense : les rhizomes et les mycéliums non plus. Ces mots sont postérieurs au 18ème siècle.

Au Dottore Pi


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

> changer les liens

élément déclencheur

Assis sur la poubelle, rue Saint Honoré, en face de Colette, la besace en bedaine et le sourire excavé. Un noir et blanc jamais vu. Juste après les tailleurs fuchsia et orange. Les textures et les rocailles.

Les talons ne claquent pas encore sur les trottoirs, seuls les chantiers ont ouvert leur pas de porte. Les bennes se remplissent en cadence. Aujourd’hui, demain, le temps de prendre un café chez Élie et une nouvelle boutique s’est habillée. La rue devient baroque total. Elle prend sa place, petite sœur du faubourg, moins haute, branchée néo-rococo. Décor offert aux touristes de la troisième dimension - le relief devient un tel affront – interface artefactuelle artificielle (vous avez vu? Même les boulangeries ont l’air de sortir de chez Hansel et Gretel, conte de fées ou de sorcières pour électeurs abrutis par l’information en continu et en réseau, images sans surprise où les indiens de tous bords valent toujours mieux que les cowboys – qu’importe le cannibalisme s’il est authentique ? )

Perché sur la poubelle, rue Saint Honoré, devant l’étalage de gâteaux luisants et de sandwichs rassasiés, la besace en bedaine et le sourire excavé, élément déclencheur de l’enthousiasme d’une journée qui devrait être une journée d’été, mais l’été 2001 tarde à réchauffer nos os qui sont las de la mousson, des tornades et des inondations. Qu'on nous le dise à la fin : ici, y’a plus de climat continental. C’est devenu les sous-tropiques de latitude fog radioactif.


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.

.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.