mythologie des 3 espaces

La plupart d’entre nous l’ignore, mais l’univers se partage en trois niveaux tangibles de réalité : l’environnement quotidien - Erel ; la terre des Rêves - Kiméria et le monde des idées - Numer. Seuls les Voyageurs connaissent l’existence de ces 3 Espaces.

Scrutez toutes les légendes et tous les récits, et vous trouverez des mentions - plus ou moins cachées - aux 3 Espaces. Chaque culture qui a existé sur Terre a développé son Art du Voyage.

La tradition occidentale, le Jeu des Perles de Verre, s’est bâtie à partir d'un ancien système de codage qui utilisait des tissages de perles pour consigner les coordonnées des passages naturels entre les 3 Espaces, les vortex.

Ces coordonnées sont très précieuses pour les Adeptes qui viennent au Voyage par un enseignement, un maître, des règles. Les Adeptes sont complètement dépendants des vortex pour se télétransporter d’un monde à l’autre.

Mais il existe une autre catégorie de voyageurs, les Nomades, qui possèdent une aptitude innée au Voyage. Quand ils ont suivi une longue initiation avec des guides, les Nomades se déplacent entre les 3 Espaces au gré de leur volonté. Mais quand ils n’ont jamais appris à maîtriser leurs dons, ils subissent des départs inopinés qui bouleversent leur vie.

Si, dans des temps anciens, Adeptes et Nomades bâtirent ensemble les traditions du voyage, au cours des siècles, dans la plupart des cultures, des dissensions violentes éclatèrent entre eux et les séparèrent.

En Occident, an début du Moyen Age, les Adeptes décidèrent de recruter leurs pairs parmi une élite sociale et intellectuelle et non plus d’attendre que des postulants au voyage viennent à eux, poussés par un appel. Ils focalisèrent également leurs travaux sur la création de vortex artificiels, mécaniques ou alchimiques. Ils espéraient ainsi acquérir la même liberté que les Nomades.

Mus par cette ambition, ils fondèrent l’Ordre Secret des Joueurs des Perles de Verre, Ordre dirigé par un Ludi Magister. Cet ordre devint de plus en plus puissant, élargissant ses alliances - dès le dix-huitième siècle - aux Adeptes de tous les continents, cherchant à affaiblir - partout où il le pouvait - l’influence des Nomades.

En 1913, l’Ordre des Joueurs donna naissance au XIU , une instance internationale qui réussit quelques décennies plus tard, en 1947, à prendre le pouvoir au niveau planétaire sur les Arts et Métiers. Le XIU s’occupe du développement culturel, pédagogique et professionnel mondial, dans le respect des différences ethniques et des droits de l’Homme ainsi que dans la défense des intérêts communs et individuels.

Bien qu’officiellement, le Jeu des Perles de Verre et l’Ordre des Joueurs n’existent pas, le véritable dessein du XIU est de contrôler tous les vortex, de manipuler les esprits et d’organiser une Grande Migration vers Kiméria. Il ne resterait alors sur Terre que des Serviteurs de l’Ordre qui pourraient restaurer l’environnement et se déplacer à leur guise entre les 3 Espaces grâce à des vortex artificiels internes, des Implants.

Quand les Nomades comprirent les intentions du XIU, ils décidèrent de s’organiser en une force de Résistance, streetForce, et de révéler l’existence des 3 Espaces à la population. Entreprise d’autant plus urgente que le cyberespace commençait à ouvrir des vortex d’un nouveau genre et que les voyageurs deviennent de plus en plus nombreux à traverser - sans même en avoir conscience - de l’autre côté de la réalité.

La lutte entre le XIU et streetForce n’est pas une guerre sanglante : elle prend place à un niveau immatériel, dans le mental et dans l’information.

Dans Kiméria ou dans Numer, les combats s’assimilent à des joutes de l’esprit, des parties du Jeu des Perles de Verre, des Potlatchs. A l’issue d’un potlatch, le perdant est renvoyé dans Erel par la dextérité du vainqueur. Plus rarement, le duel se termine par l’enrôlement du perdant dans le camp du gagnant. Quand le XIU emporte un combat, il sécurise le territoire conquis et le réquisitionne pour préparer la Grande Migration.

Dans Erel, le XIU traque les membres de streetForce, les DJ's. Quand il les intercepte, il les soumet à des expériences illicites pour manipuler leur esprit et les rallier à sa cause.

Le XIU possède une milice secrète et extrêmement bien entraînée, l’APO, dont la mission est de retrouver et de réquisitionner - dans les 3 Espaces - tous les manuscrits et tous les objets qui enseignent l’Art du Voyage ou la création de vortex artificiels.

Une unité de pointe de l'APO, dirigée par Sgarideni, s’est spécialisée dans les légendes des Cimmériens, un peuple décimé, qui clame avoir migré sur Terre depuis la Cimmérie, une terre magique où le rêve créait la réalité.

Les Cimmériens possédaient dans un temps immémorial un système d’écriture par nœuds de tapis. Les Gardiens des Nœuds tissaient et lisaient ces tapis pour transmettre Le Récit. Il semblerait que les tapis des Mayas, détruits par les Jésuites au XVème siècle, en ait été les vestiges.

De nombreux voyageurs voient en l’art cimmérien du tapis l’origine perdue du Jeu des Perles de Verre, peut-être même sa perfection. Cette thèse est étayée par la filiation philologique qu’il est possible de dresser entre les noms de Kiméria et de Cimmérie, de Kimériens et de Cimmériens.

Les bribes du Récit cimmérien, qui ont survécu à la disparition de l’art des nœuds et de ses Gardiens, évoquent un Père de Tous les Récits (ou peut-être une Mère) qui posséderait le pouvoir d’effacer les frontières entre les 3 Espaces. Seul le Dernier Gardien des Nœuds sait où le trouver. Mais l’identité du Dernier Gardien est secrète. On ignore dans quel espace il réside et même à quelle époque. Certains prétendent qu’il aurait transité par Kiméria pour se cacher dans le Passé.

Depuis le début du troisième millénaire, tous les descendants des Cimmériens entendent dans leurs rêves au petit matin, juste avant l’aube, que le Dernier Gardien attend son Successeur.

L’APO et Sgarideni prennent très au sérieux cette annonce onirique. Ils soupçonnent le Capitaine L, résistante active connue pour ses talents de joueuse et ses origines cimmériennes, d’être ce successeur. Ils la traque dans les 3 Espaces pour remonter jusqu’au Gardien et, par lui, jusqu’au Père des Récits.

Mais le Capitaine L sait qu’elle n’est pas la prochaine gardienne. Et si elle aussi est à la recherche du dernier Gardien, c’est pour le protéger et empêcher les plans du XIU d’aboutir.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Le Troubadour

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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galerie 70

Galerie 1940–1970
De la guerre mondiale aux hippies huppés
Trente ans
Trente ans c’est rien.


Côté perso : une jeunesse même pas, soixante équinoxes et solstices, à peu près sept anniversaires bissextiles, cinq ou six prises-et-pertes de poids (ou vice versa), deux grands deuils, deux divorces, quatre vrais amis et au maximum trois grands amours.

Côté collectif : une paire de guerres-reconstructions-récessions ; quelques variations de régime politique; deux monnaies ; des styles en chiasmes (en l’occurrence : du monumental à l’organique, de la psychanalyse au psychédélique, des Andrews Sisters aux Supremes, d’Errol Flynn à Robert Redford - oui je sais j’aurais pu citer Newman mais ma préférence va au rouquin)

Je me suis arrêtée devant la vitrine pour une chaise hyper 70 en plastic blanc comme celle que je cherche pour mon bureau mais très vite j’ai été hypnotisée par une mosaïque orientaliste art-déco.

J’entre.

La mosaïque est un trompe-l’œil ! Une ébauche de projet grandiose * esquisse lumineuse * tout à fait le maroc où papa rencontre maman (ambiance Casablanca movie pas du tout soukmédina) * exotisme où j’aurais dû naître et ne suis pas née (j’ai vu le jour dans le froid alsacien, pas dans la chaleur africaine, la conséquence de cette injustice infondée se manifestant tout autant dans mon obsession fantasmatique des climats subtropicaux que dans ma phobie de l’hiver continental) * composition simple, monumentale, coloniale, presque naïve * contre-plongée perspective * les chameaux ressemblent à des lamas et ondulent comme des serpents * les lianes tombent en longs colliers de perles de la belle époque * le tableau me touche là-dedans, dans mes racines et dans mon cœur [1944, juin]

Abasourdie, je tourne la tête pour freiner l'émotion. mais j'aperçois au fond de la galerie un portrait de Loula.

Loula ! Toi ici !

Avec tes longs cheveux et ton écharpe de nuit, réfugiée sur un rocher, loin de la ville que tu contemples, que tu domines : auras-tu la sagesse de te réfugier dans la nature le jour où les rues t’auront trahie ? (ce portrait n’a certainement pas été réalisé entre 1940 et 1970, il est Art Nouveau total. Confirmation : 1910. Hors segment temporel fixé par la galerie : j’adore les infractions aux règles )

"Bon, ressaisis-toi missie, pars maintenant, faut pas abuser, t’es pas une cliente"

Je tourne le dos pour sortir quand une céramique blanche avec motifs gris me fait un clin d’œil complice : "look at me ! I’m "Don Quixotte de la Mancha by Picasso" : ¿ y tu ? N’es-tu pas lasse de te prendre pour un chevalier chimérique, oh Capitaine mon Capitaine ?"


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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