un Enchanteur

Tu me demande où j'étais... Tu t'étonnes... Oserai-je te le confier...

J'ai plongé tête la première, comme une novice...

J'ai oublié toutes les règles de prudence, toutes mes expériences, tous mes principes.

...

J'ai rencontré un Enchanteur, un Hollandais Volant peut-être, un Mage. Et je l'ai suivi. Sans hésitation. Sans m'inquiéter, du Temps, du Vrai, du Juste, des illusions, de rien. Sans aucune question, sans aucune vision. Je l'ai suivi, c'est tout. Mon Sens.

...

Nous avons dansé, glissé, volé la Piste du Tango, de Piazza San Marco aux plages d'Argentine,
Nous nous sommes échoués sur la Baie des Anges, enlacés,
Il m'a bâti un château de glace sur les flancs de l'Himalaya, il y faisait doux, il y faisait chaud,
Il a réinventé Syracuse, ses pierres, ses airs, mille orchestres,
Il a fermé des volets verts et nous nous sommes réveillés à Shanghai, Shanghai !, enivrés comme par l'opium,
Il a invité la pluie, son odeur, sa terre, elle nous a captivés, elle nous a embrassés, elle nous a emportés et ce fut la forêt. Noire. Propice. Envoûtante. Excentrique,
Il a serti mes jours de musique — baroque, latine, kitsch—, de sa musique aussi ...

Je n'ai pas hésité, j'étais émerveillée ... je me laissais guider comme si je n'avais jamais voyagé... je n'ai rien demandé non plus... rien sauf le Tango.


à Arte Miss


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Référence : "Orchidea" de J.B.

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sans effets spéciaux

J’ai repensé récemment, Amice, à ce film que vous aviez réalisé à notre retour de notre tout premier séjour à Celles-les-Bois, éblouis que nous étions de notre découverte du « Jeu de la maison chinoise ». Vous vouliez restituer la formule finale du premier acte en sons et images : « le cinéma doit aussi servir le Jeu », disiez-vous. J’irai tantôt à l’école Louis-Lumière pour une solennité. Quel dommage que je ne puisse leur montrer cet étonnant court métrage qui — sans effets spéciaux numériques ni optiques — ouvre les portes de l’esthétique et de la contemplation au-delà des visions connues. Mais les splendeurs du Jeu ne sont pas perçues par les profanes et les œuvres de la Castalie perdent leur saveur dans le rythme séculier.

A Nékao


Type de document : correspondances

Auteur fictif : Colbert Valérian

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Référence : Hermann Hesse (Le Jeu des Perles de Verre)

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