Voix I : Perceneige revient.
Voix II : Elle a retrouvé le chemin.
Voix I : Elle n'est pas seule. Avec elle, une petite fille.
Voix II : Perceneige revient et elle se souvient.
Voix I : Elle se souvient de sa mère.
Voix II : De leur vie dans cette maison.
Voix I : De la façon dont se vivait le temps.
Voix II : Elle se fige. Elle est transie.
Voix I : Et l'enfant ?
Voix II : L'enfant n'a pas de souvenirs, que de la curiosité.
Voix I : Elle lâche la main de Perceneige et s’élance.
Voix II : s'éparpille.
Voix I : Elle va là où Perceneige ne peut plus aller.
Voix II : ... ne sait plus...
Voix I : Que voit-elle, dis-moi ? Que voit-elle là où Perceneige ne sait plus aller...
Voix II : Elle voit ce que peu savent voir. Elle touche ce que peu savent toucher.
Voix I : Le numéro 7 ?
Voix II : Quelle évidence.
Voix I : Et après ?
Voix II : Après ?
Voix I : Oui : et après ?
Voix II : Non, pas « après » : « alors », « et alors ». Alors, elle se souvient.
Voix I : Elle n'a pas ouvert le carnet tout de suite.
Voix II : Elle a attendu.
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Voix I & Voix II
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : CL
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
On pourrait imaginer qu’ils se sont parlés, qu’ils ont joué, qu’ils ont ri. On pourrait croire que tout de suite ils ont eu envie de se prendre par la main et d’oser un baiser doux et gentil. On pourrait penser qu’ils se sont dit leur nom. Que Loula, Ludivine, Coquine a montré sa collection d’objets égarés et que P’tit Gars a révélé son album de clichés rétiniens.
Mais d’habitude, quand on imagine, on croit et on pense, on se trompe. On ferait mieux d’attendre d’être informé. Et encore ! Par des sources multiples, autonomes et fiables.
Alors ! ? S’est-on seulement renseigné sur la crédibilité et le sérieux de ce chantre qui a la prétention de rapporter une histoire ? Qui est-il en réalité ? Que sait-on exactement de lui ?
Il prétend être une femme mais ! Ce ne sont pas quelques petits accords au féminin qui suffisent à constituer une preuve et à bâtir une certitude ! Surtout pas en matière de fiction !
Rien ne certifie, qu’en fait, il ne s’agisse pas d’un "drague couines" littéraire, d’un travesti des papiers, d’un fraudeur de genre. Bien au contraire ! Le substantif "chantre" appartenant à la catégorie des noms communs masculins, ceux qui l’endossent deviennent raisonnablement, logiquement et forcément des hommes.
[décret n°4732 alinéa 52 du code civil des "on dit" de la 5ème république littéraire bananière].
Type de document : chants des griots
Auteur fictif : Griot Farceur
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun