"L’écrivain n’est personne. Je suis absent car je suis le conteur. Seul le conte est réel."
Je ne lis que pour écrire / je ne regarde que pour écrire / je ne parle que pour écrire / je n’écoute que pour écrire / je ne médite que pour écrire [et] je ne pense qu’en écrivant [en revanche ] je touche pour toucher / je goûte pour goûter / j’embrasse pour embrasser / je caresse pour caresser / je donne pour donner.
Mon espace à l’autre est la peau, seulement la peau, les lèvres, le corps / tout le reste m’est repris, saisi, volé dans l’écriture/ dans mon odyssée / même mon amour [je l’accepte car] j’ai uniquement l’impression d’exister lorsque j’écris [pourtant c’est faux] j’existe quand je suis lue/ celle qui existe est donc d'ores et déjà une absence, un geste passé, un passage / pas moi / moi je suis ailleurs et alors qu’importe d’avoir écrit et d’avoir été lue ?
(remix Jabès)
Type de document : carnets personnels
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Référence : Edmond Jabès
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Enfant, Pierre faisait de drôles de rêves qui duraient très longtemps. Il voyageait dans un univers parallèle, un Paris imaginaire, et il y retrouvait Loula. Loula, louna. Lou la Divine. Et puis les rêves se sont arrêtés. Il a appris un métier, il s'est marié, il a eu un enfant.
Pourtant, de temps en temps, comme à fleur de regard ou de peau, il a l’impression de sentir qu’il existe autre chose et que Loula est là. Près de lui.