colette

Fun store et associates, premier du genre - MODE, BOOKSTORE, GALERIE D’ART, BAR A EAU. Tacatatac Achic, bar à eau.

Musique techno (super Zik !)

Dans les escaliers, un ricain gracile me sourit, derrière madame. Connivence des riches qui zyeutent Dior : jupes de dentelle blanche dont il vaut mieux voir le prix en euros plutôt qu'en francs si tu veux pas syncoper direct. Dans l’trash style, je fais illusion pour les quinquaricains. Mais pas au bookstore. Sûr. Là on m’vire ! Zont eu peur de mon stylo.

PAS D’NOTES ! PAS D’NOTES ! HALTE A L’ESPIONNAGE GRAPHICOSCRIPT !
Demander la permission à Victoire. Victo QUI ? VICTOIRE DE ...

Protocole sans accord aucun. Méchant, virulent, l’était si propre pourtant ! Joli tout plein, le p’tit vendeur ASEPTICOMAN. L’avait du flair en +. L’a vu ksété du vrai, mes jeans, ma toile, mes pompes, pas du STREET RELOOKE COUTURE. Pourtant j’avais MUJI à la main et TSEN aux pieds. Pas dégueu mais pas assez. Zutflûte. Zétaient super les magazines.

"Zines et Zique à mon goût ?"

J’ai peur ! Et si j’étais une éclopée de la génération Colette ? Une accroc des stores-ilôts, une PRIVILETOC du Numer-Junk space ?

TERRIBLE ! À surveiller …

D’ailleurs, ils cherchent un vigile. Ya l’annonce sur la porte … des fois qu’un client huppé serait tenté par l’expérience trépidante de la haute sécurité … on n’sait jamais. Meantime, leur recrutement direct marche pas super : zont pas d’malabar qui garde le bar.
L’entrée est libre.

Warning : zone de haute concentration de XIU mercenaires


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

à l'instant même

Le 15 juillet 1976

Le lendemain du 14 juillet, jour de la fête nationale française, célébration de la prise de la Bastille, anniversaire de sa maman et aussi du mariage de ses parents :

Ludivine Coquine est sortie des Halles par la rue Montorgueil :

* elle ne voulait plus attraper le chien errant,
* elle n’avait plus assez de force pour rire,
* elle était beaucoup tombée, avait beaucoup rampé, son pyjama était tout déchiré, ses genoux étaient noirs et écorchés.

P’tit Gars l’a suivie mais quand elle a dit ‘j’ai envie de manger des fraises’, il a répondu ‘pas moi’ et il est parti.

Tout de suite :
* elle n’a pas eu de peine,
* elle n’a pas pensé "il aurait pu me dire au revoir",
* elle n’a pas réalisé qu’elle ne savait pas où le retrouver.

Mais c’était parce qu’elle regardait :

* les barquettes de fraises rouges et les brioches aux raisins,
* les fromages, surtout ceux à la chèvre, les frais ,
* les pains blancs et les pains de seigle.

Comme elle avait de plus en plus faim, elle s’est approché d’un stand, celui des fraises, et elle a voulu en prendre une. Le marchand s’est énervé très fort et elle a vu :

Tout de suite :

* qu’elle avait les mains sales
* qu’elle était pieds nus
* qu’elle portait seulement un pyjama déchiré.

Et elle a compris :

Tout de suite :

* qu’elle n’avait pas d’argent et qu’il fallait payer.

Et elle s’est souvenue :

Tout de suite :

* de son papa/maman
* de fanfan
* de tortue.

Mais, par contre :

A l’instant même :
Elle a oublié que P’tit Gars n’était pas là. Parce que :

* elle n’avait pas vraiment fait attention,
* elle n’imaginait pas qu’il la laisserait en plan.

Alors, elle s’est retournée :

* pour le chercher
* pour voir s’il était dans un état aussi affreux que le sien
* pour se moquer.

Elle a virevolté sur un pied comme elle aimait faire, elle a tout vu tourner- tournicoter-tournicoton-bal-et-cotillons.

Mais P’tit Gars n’était plus là ! Et ce fut à ce moment précis-là :

Qu’elle a commencé à avoir très peur et à pleurer.

Pas avant. Pas après.

A ce moment précis-là :
Voilà.


Type de document : chants des petits griots

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

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