25 symboles

La Bibliothécaire de Babel a transgressé le deuxième axiome de la bibliothèque...
Elle a rajouté aux 25 symboles orthographiques, le point d'interrogation et le point d'exclamation.
La bibliothécaire n'est plus une bibliothécaire. Elle innove, elle intervient, elle crée.
Elle me l'a révélé en silence, me tendant quelques livres cachés dans une seconde rangée au fond des étagères, rangée que personne ne consulte à la bibliothèque de Babel.
Tant de livres, tant.
Qui irait regarder derrière ?
Je ne pouvais même pas lui poser la question car la scène s'est déroulée dans le silence qu'impose la transgression.
Mais : comment a-t-elle eu l'idée, le besoin, d'inventer le point d'interrogation et le point d'exclamation ?
Peut-être est-elle une voyageuse.
Peut-être est-elle allée sur Erel, dans Numer. Peut-être a-t-elle arpenté la terre des rêves …
Car seuls les voyageurs peuvent entrer et sortir de cette contrée construite comme une tour qui n'a ni porte ni fenêtre.
On sait qu'il existe quelques voyageurs kimériens…
Il faudra bien que je lui pose la question.
Elle a inventé le point d'exclamation, mais connaît-elle le mot question ?


Type de document : journaux de bord

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Référence : La Bibliothèque de Babel, Borges

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

les épeirdiadèmes

Il Dottore Pi, qui est ma référence absolue en matière de sciences naturelles, m'a raconté les Epeires diadèmes : l'Epeire diadème pond, elle vide son ventre, elle fait son cocon. Elle meurt.

Le cocon est superbe. Il a une forme de montgolfière inversée et ressemble un peu - mais en plus chamarré - aux alvéoles que font les guêpes. Haubané, il est constitué de soies de natures différentes. L'Epeire diadème le tapisse d'une toile rousse très frisotée, crépue. Une bourre. Puis elle referme le tout avec un opercule.

Le dispositif est trois fois plus gros qu'elle. Elle l'abandonne, épuisée.

Et, au printemps, les œufs éclosent : à la faveur d'une variation hygrométrique, la capsule éclate et toute la bourre explose en propulsant les araignées vers l'extérieur. Elles sont alors très vulnérables. C'est pourquoi la nature a inventé, pour les protéger, un parachute ascensionnel : chaque araignée sécrète un fil de soie, ce fil de soie s'allonge et capte le moindre souffle d'air qui monte vers le haut, depuis le sol chaud. Il flotte verticalement et entraîne l'araignée qui s'envole.

On les appelle les fils de la vierge.

Il me semble me souvenir d’une légende cimmérienne où un Gardien des Nœuds, quand il décodait les tapis et clamait le Récit, s’envolait vers l’origine, la Cimmérie, sur des fils de lumières qui s’élevaient à l’infini. Le Gardien Epeire Diadème.


Type de document : DJ's classes : études cimmériennes

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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