le temps du voyage

Quand un voyageur bascule dans Kiméria, son corps disparaît de l'espace réel (Erel) .

La grande question est celle du temps de l'absence.

Le temps de Kiméria n'est pas celui d’Erel.

Il est possible de vivre une vie entière dans Kiméria et de revenir au monde réel à l'instant même de son départ. L'absence physique est alors si brève qu'un clignement d'œil la masque. La plupart des gens ont - en observant le voyageur - l'impression d'une lenteur, d'un retard.

Toutefois, une telle maîtrise du temps du voyage requiert un long apprentissage et une véritable aptitude. Seuls quelques grands initiés y parviennent.

Les voyageurs - Adeptes ou Nomades - qui n’ont pas suivi d’entraînement, ne contrôlent pas le ralentissement du temps : leur absence corporelle est proportionnelle à la durée de leur séjour dans Kiméria.

Le cas est particulièrement flagrant chez les enfants. Ils sont littéralement absorbés par l'autre côté et réapparaissent tout aussi curieusement qu'ils ont disparu, dans leur lit, à l’école, au parc ou dans la baignoire, parfois beaucoup plus âgés.

Certains d’entre eux ne reviennent jamais. On les appelle les enfants perdus. Les enfants perdus ne grandissent pas. Ils se transmutent dans la substance même des rêves.

Mais il existe également des Voyageurs de l'Enfance dont le corps ne se dématérialise pas. Seul leur esprit voyage. On parle alors de voyage astral .

Cette forme de voyage est peu fréquente chez les adultes. Elle cesse généralement après la puberté.

Signalons également quelques phénomènes rares (mais avérés) d'accélération temporelle : le séjour dans Kiméria paraît très bref au voyageur, mais le temps écoulé dans Erel a été très long. Quand le voyageur revient, il est chenu et le monde entier a changé. Il a perdu sa vie.


Type de document : DJ's classes : l'art du voyage

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

une rage

J’ai déposé Sgarideni à l’embouchure du Fleuve Léthé. Je n’irai pas plus loin. Une seule goutte de cette eau, et l’oubli saisira mon équipage. Je ne comprends pas ce qui pousse cet homme à entrer dans les Terres de l’Oubli.

Il dit ne rien risquer…

Sans doute porte-t-il un de ces implants cérébraux que l’Ordre des Joueurs a développé pour voyager en toute liberté et en toute sécurité. Mais un artefact humain pourra-t-il jamais contrer totalement toutes les facettes d’un des cours d'eau les plus puissants du Monde des Rêves et des Cauchemars.

Il ne peut l’ignorer. Il ne peut croire aussi aveuglément à la Science des Vortex, à l’Œuvre. Personne ne peut croire aussi aveuglément à l’infaillibilité des implants face à l’instabilité trop connue des lois kimériennes.

Une rage le pousse. Une rage plus forte que la Fidélité à l’Ordre. Plus forte que cette carte qu’il dit chercher dans la Zone Climatique des Rois.

Mais que m’importe, je n’ai pas à savoir quoi et je ne veux pas le savoir : je dois avant tout préserver mon navire, ma cargaison, mes hommes, mes femmes et mes chimères. Et cet homme-là ne m’intéresse pas.


Type de document : carnets personnels

Auteur fictif : Cassiopée des Halles

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : CL

Commentaires : 1

Textes satellites : aucun

.