rêverie

La rêverie des objets décrite par Monsieur Bachelard parmi tant d’autres rêveries (de la pensée, de la volonté, de l’enfance, du mot, du cosmos) est génératrice d’une poésie de l’anodin, poésie simple et urbaine (streetwriting).

Il faut partir de cette amitié avec les choses, vantée par ce magnificateur de la substance, pour atteindre la rêverie du mot qui transforme le familier et le quotidien en textualité : le poète est un maître de l’attention.

[l’attention étant l’expression masculine et active de l’attitude féminine de contemplation.]


Type de document : DJ's classes : récits variables

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

le bal

J'arrive pas loin du bal.
Je quitte la rue Gaston Tissandier
après être passé par la rue Charles Lauth
et la rue Gaston Darboux.
J'arrive sur le Square Charles Hermite
où il y a un bal.

          Il est cinq heures
          Paris s'éveille
          Paris s'éveille


Il y a des enfants qui dansent
en faisant la ronde.
Ils sont mignons.
Ils sautillent.
J'arrive.
J'arrive dans la foule.

          Les travestis vont se raser
          Les strip-teaseuses sont rhabillées


Dans l'animation.

           Les traversins sont écrasés
          Les amoureux sont fatigués


Petite pause.

          Il est cinq heures
          Paris s'éveille


Je vais aller attacher mon vélo.

          Les banlieusards sont dans les gares
          A la Villette on tranche le lard
          Paris by night, regagne les cars


Il y a des gens qui se roulent des pétards
dans le coin du square.
Il y a une demoiselle qui pose comme une pin-up
sur une table de ping-pong en béton.
Il y a une maman qui allume sa cigarette
tout en tenant une canette de coca.

          la Tour Eiffel a froid aux pieds
          L'Arc de Triomphe est ranimé


J'attache mon vélo
avec mon antivol Piton.

          Paris s'éveille

C'est un vieux flash-back dans mon passé
ce quartier.
On est à la hauteur d'Aubervilliers.
Y'a un baby-foot.

          Il est cinq heures
          Je n'ai pas sommeil


Je vais prendre un petit Perrier.
Ça va me faire du bien.
J'ai la gorge sèche.


Type de document : chants des griots

Auteur fictif : Griotin

Auteur réel : Rémy Romeder

Provenance du texte : Printemps de la Démocratie

Référence : Il est cinq heures, Dutronc

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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