"Pour une fois", me suis-je dit, "pour une fois, tu devrais trouver dans cette rencontre de l'abîme, dans cette presque abysse, dans ce libre faux prétexte au voyage et à l'amour, des motivations qui te ressemblent." Et j'ai guetté vaillamment chaque sursaut de phrase et de paragraphe. Mais non. Toujours rien en vue. Pas de terre de connivence entre les passagers du 36 mètres et moi : même dans la quête du Marin de Gibraltar, je ne me reconnais pas. Ah! Mme Duras … pourquoi tant de distance entre vos perspectives et les miennes ? Je vous aime tellement, pourtant."
A Marguerite Duras
Type de document : correspondances
Auteur fictif : Capitaine L
Auteur réel : Carole Lipsyc
Provenance du texte : Noyau liminaire
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun
Le lendemain, les oies reprirent leur route vers le nord à travers le Södermanland.
Le garçon regardait le paysage qui s'étalait sous ses pieds et se disait qu'il n'en avait jamais vu de semblable. Ce n'était ni les grandes plaines de la Scanie et de l'Östergötland ni les immenses forêts du Smaland, mais un mélange d'un peu tout.
"Ici, ils ont pris un grand lac, une grande rivière, une grande forêt et une grande montagne, les ont hachés menu, ont mélangé le tout et l'ont étalé n'importe comment sur la terre", pensa le garçon qui ne voyait que de petites vallées, de petits lacs, de petites collines et de petits bois.
Rien ne prenait de l'ampleur. Dès qu'une plaine commençait à s'agrandir, une colline se posait en obstacle, et quand la colline cherchait à s'allonger en une crête montagneuse, la plaine reprenait le dessus. Dès qu'un lac devenait assez grand pour être considéré comme tel, il se resserrait en rivière, rivière qui elle-même n'avait pas le temps de s'écouler bien longtemps avant de s'élargir en lac.
Les oies sauvages volaient si près de la côte que le garçon pouvait aussi voir la mer, et il vit qu'elle non plus n'avait pas le droit de s'étaler largement car elle était brisée par une multitude d'îles, îles qui, chaque fois reprises par la mer, ne pouvaient elles non plus s'accroître.
Le paysage changeait continuellement.
Type de document : chroniques de Kiméria
Auteur fictif : R-dj
Auteur réel : Selma Lagerlöf
Provenance du texte : Liste de l'éducation nationale
Référence : Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède
Commentaires : aucun
Textes satellites : aucun