les Kimériens

Les Kimériens sont-ils uniquement le produit de l'imagination et du désir des Eréliens ?
Les Eréliens sont-ils les dieux de Kiméria ?

Cette idée a égaré plus d'un explorateur. L'Ordre des Joueurs a d'ailleurs traité Kiméria comme sa chose, son invention, sa propriété.

Mais le système est plus complexe.

Les Voyageurs façonnent une matière onirique : ils ne la créent pas. Ils sont comme les sculpteurs qui utilisent de la pierre ou de la glaise. Leurs personnages sont comme des automates, des parties du décor, des "chimères". Mais pas toujours. Il arrive qu'un personnage soit investi par une conscience et qu'il devienne pleinement vivant. Le procédé est décrit dans Pinocchio.

Rappelons également que certains domaines et continents de Kiméria sont si anciens que personne ne peut dire s’ils ont été inventés par des voyageurs ou s’ils ont précédé le Voyage.

Les Cimmériens défendent même la thèse selon laquelle le monde matériel, Erel, aurait été bâti par des Kimériens et que tous les humains seraient les descendants de ces êtres de l’imagination qui auraient migré sur Terre pour vivre une vie sensorielle totale. Nous serions tous le rêve de ceux que nous croyons rêver.


Type de document : DJ's classes : l'art du voyage

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

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se tait

Elle ne parle pas et elle se tait.
Elle ne dit rien et elle se tait.
Elle ne dessine pas et elle se tait.
Elle ne touche pas à la pâte à modeler, à la terre glaise et aux autocollants multicolores.

Elle se tait.
Elle reste droite et immobile.

Elle doit faire très attention à ne pas bouger :
Rien ne doit bouger, rien de rien :
Rien du tout :
Ni le riquiqui, ni le rififi, ni le quincampoix :
Ni les boules de citron, ni les grandes décisions, ni les bifurcations :
Ni les cils, ni les sourcils, ni les doigts :
Ni les joues, ni les oreilles, ni les émois.

Même si ça gratte, même si ça siffle, même si ça chatouille, même si ça frissonne.
Rien ne doit bouger.

Elle ne doit rien voir et elle ne doit rien entendre.
Elle ne veut rien dire et elle ne veut rien se dire.
Elle veut uniquement sentir.

Le plus difficile, c’est la respiration.

Parce que, quand l’air sort et quand l’air entre par les narines, il fait onduler le duvet de sa peau.

ET :
Quand on regarde en très gros plan avec les yeux du dedans :

C’est aussi long et aussi fort qu’un champ de blé qui se plie et qui se replie sous le passage du vent du nord.

Pas un tremblement de terre, d’accord.
Pas un raz-de-marée, O.K.
Un champ de blé.
Mais c’est très grand, un champ de blé.
C’est très-très grand.

Elle pourrait retenir sa respiration, d’accord.
Mais alors :

Au bout d’un moment elle étoufferait,
Elle serait obligée de prendre un grand coup d’air,
Toute sa poitrine se soulèverait,
Sa bouche s’ouvrirait énorme.

Et là, ce serait la catastrophe :

Elle aurait perdu et il faudrait tout recommencer.

Non !
Il faut apprendre à respirer sans bouger avec autre chose que l’air :

Quelque chose qui traverserait le corps mais qui ne passerait pas par le nez.
Quelque chose qui ferait du mouvement sans rien bouger. Quelque chose de doux, de chaud, d’électrique. Quelque chose de bon.
Quelque chose qu’elle connaît mais qu’elle ne sait pas nommer.

(quand Loula va chez Françoise Boutboul)


Type de document : chants des petits griots

Auteur fictif : Anonyme

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

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