chez élie

Prendre un café chez Élie, sur la terrasse, du mauvais côté de la place du Marché Saint-Honoré, cause circulation de voitures et vue sur le commissariat mais du bon côté cause exposition Nord-Est donc soleil le matin. Prendre un café chez Élie, tu trouveras pas moins cher dans le quartier, 5 F au comptoir, 9 F avec croissant, 20 F p’tit dej complet. Même pas le prix d’une eau chez Colette où pour pousser la porte déjà tu saignes. Prendre un café chez Élie parce que c’est chez lui. Les mégots plein par terre, les allumettes, les papiers de chocolat, le zinc en bois. Tour de manivelle, comme les bacs à bonbons des supermarchés, tu sais à l’entrée, après les caisses ou avant, ça dépend si tu mets ta pièce de 1 franc en entrant ou en sortant. (C’est dingue, c’est impérissable ce truc-là, ça traverse les générations ! Et sans changer ! La couleur, la matière, le design. Les bornes à bonbons seraient-elles les seuls vrais totems des hauts lieux sacrés de la consommation super/hyper/fun marchés ?). Un tintamarre de grains de café, océan mélangé – 14 crus différents – et des bocaux : des bocaux toscane, nuit d’été, amour absolu à Goa, des bocaux madeleines, des bocaux cacahuètes, et des paniers, des paniers brioches, pains aux raisins et mini-croissants, en sus quelques bises puissantes en plein sur le tympan. Élie ! j’ai promis que si le mercure montait à 28 ° celsius (pour avoir la correspondance en Farenheit utilise la formule suivante : tc = (tf - 32) : 1,8 ), je bronzerai sur la terrasse en bikini. En face du commissariat. On a le droit tu crois ? Élie dit que oui [ dikwi ]. Tiens, c’est drôle ça comme nom : Élie DIKWI. Prendre un café chez Élie DIKWI.


Type de document : streetchroniques

Auteur fictif : Capitaine L

Auteur réel : Carole Lipsyc

Provenance du texte : Noyau liminaire

Commentaires : aucun

Textes satellites : aucun

sortants

.

Loula : fiche personnage

Loula est un chantre. Elle traverse spontanément les 3 Espaces. Quand elle quitte le monde réel (Erel), elle disparaît aux yeux de tous & déambule dans un Paris Imaginaire, le Paris de Kiméria.

Depuis l’âge de deux ans, elle revendique sa vocation de chantre : elle ne peut pas avoir une conversation anodine et normale, elle parle en vers ou bien elle se tait. Elle refuse également tout rapport au graphique : elle ne lit pas, n’écrit pas, ne dessine pas.

Elle fait sa première fugue vers Kiméria à sept ans. Là, elle rencontre Pierre dit P’tit Gars qu’elle cherchera désespérément de fugue en fugue.

En Kiméria, et avec P’tit Gars, Loula arrive pleinement à vivre, à parler, à interagir, à évoluer. Elle n’est pas la même personne dans les deux mondes.

A seize ans, elle migre et élit domicile en Kiméria. Dès lors, pour elle, le rapport s’inverse : son réel devient Kiméria. Elle ne fait plus que de rares incursions sur Erel où elle erre, dans une folie apparente, récitant des vers sans fin, le regard trop présent.

Quand elle revient sur Erel, c’est uniquement pour chercher Pierre qui ne revient plus, qui a disparu. Elle finit par le retrouver et par découvrir qu’il a tout oublié de Kiméria & de leur histoire, qu’il a construit une famille dans le monde réel & qu’il a une vie, une vraie. Dans un état de désespoir absolu, elle se dissout dans le Numer Espace où elle erre entre les signes, entre les mots, entre les chiffres, au cœur même des langages.

Depuis les limbes interspatiales, elle communique avec le capitaine L

Loula s’appelle Loula, Louna, Ludivine coquine quand elle est enfant ; et quand elle est adulte, son nom se décline autour de Loula, Ludivine et de Lou la Divine.

Modes lecture
Glossaire
Historique
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.